LE PIXELLISME
Il y a 20 ans, lorsque j’ai découvert l'œuvre de Georges SEURAT, j’ai été interpellé et j’ai voulu m’en inspirer. C’est ainsi que pour la première fois j’ai expérimenté sa technique pointilliste dans mes œuvres.
Au début j'ai été très fidèle à sa manière de peindre, mais je me suis vite rendu compte que la taille des points de ses peintures, assez importante par rapport aux motifs représentés, ne convenait pas vraiment à ce que je cherchais à travers cette technique.
Je me suis questionné longuement pour trouver comment l'adapter à l’expression artistique que je souhaitais. C’est alors que je me suis mis à peindre avec des points de plus en plus petits, en superposant parfois jusqu'à sept couches sur la toile. Il s’agissait de tentatives expérimentales pour trouver ma technique pointilliste personnelle.
Avec le temps et la pratique sans cesse renouvelée, mes œuvres dans ce style se sont accumulées et mon vif intérêt pour le mélange optique ou lissage des points à distance, n’a cessé de croître et de me passionner.
Les joueurs d'échecs
J’ai vite comparé ce phénomène étrange d'apparition-disparition des points de couleurs, selon que l'on est proche ou loin du tableau, à celui des photographies numériques dont les composants élémentaires ou pixels apparaissent dès qu’ils sont agrandis sur un écran.
C'est ainsi que le terme de « PIXELLISME » m'a paru bien plus approprié pour qualifier mon style, en écho avec ce procédé.
L'œuvre singulière de SEURAT, témoignage passionné autant que raisonné de l'intérêt qu'il portait aux écrits du chimiste et théoricien de la couleur Michel-Eugène CHEVREUL (1786 – 1889), a représenté la plus scientifique exploration picturale de ce processus de la vision.
Ma démarche est moins emprunte de théorie et s'apparente à une vision plus personnelle, plus naturelle et spontanée, voire onirique par le choix de mes sujets. Je ne décompose pas les tons selon les 3 couleurs primaires mais opère une fragmentation subtile en infimes touches de mon motif.
Dans un paysage, les collines lointaines, tout comme les dunes de sable, nous paraissent lisses, fondues en masses ou formes colorées. Lorsque nous nous en rapprochons et que leurs détails deviennent peu à peu visibles, cela évoque chez moi, outre les idées scientifiques, d'autres résonances, plus poétiques, sur l'Univers, sur l'infiniment grand et l'infiniment petit.